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La production traditionnelle de béton fait face à une double pression : d’un côté, l’épuisement des ressources naturelles en granulats, de l’autre, l’accumulation massive de déchets de chantier à gérer. Dans ce contexte, le béton recyclé s’impose comme un enjeu stratégique pour les centrales à béton et l’ensemble du secteur du BTP. Porté par la transition écologique et de nouvelles réglementations, le recyclage du béton permet de réduire l'empreinte environnementale de la construction tout en transformant les déblais de chantier en ressources valorisées. Ingénieurs, exploitants de centrales, collectivités locales – tous sont concernés par cette évolution majeure qui allie efficacité industrielle et impératifs de développement durable.
Béton recyclé : un atout stratégique pour les centrales à béton
Le béton est le matériau le plus utilisé au monde dans la construction, mais sa production s’accompagne d’une consommation énorme de granulats naturels (sables, graviers) et génère des volumes tout aussi énormes de déchets lors des déconstructions. En France, le secteur du bâtiment produit chaque année près de 46 millions de tonnes de déchets – un chiffre qui grimpe à plus de 200 Mt si l’on inclut les terres excavées et déblais de chantiers. Réduire cet impact est devenu crucial : la loi anti-gaspillage (loi AGEC) et le Pacte vert européen fixent des objectifs ambitieux en matière de recyclage et de réemploi des matériaux. Le béton recyclé apparaît dès lors comme une solution incontournable pour répondre à la fois à la raréfaction des ressources et à la gestion durable des déchets du BTP.
Concrètement, recycler le béton consiste à réutiliser les granulats issus de la démolition dans de nouveaux ouvrages. Cette pratique offre un double bénéfice : elle réduit le recours aux granulats naturels (dont l’extraction se heurte à des contraintes environnementales et d’acceptation locale) et évite l’enfouissement de déchets inertes. Par exemple, en Île-de-France – région en plein « Grand Paris » – la demande en granulats atteint 30 millions de tonnes par an, dont la moitié sert à fabriquer du béton. Or la production locale ne couvre qu’environ 47% des besoins, le reste devant être importé de régions éloignées. Recycler le béton de démolition est donc stratégique pour sécuriser l’approvisionnement en matériaux dans les zones urbaines denses. Déjà 22% des besoins en matériaux en Île-de-France peuvent être couverts par des granulats recyclés issus de déchets de béton. Toutefois, aujourd’hui la majorité de ces granulats recyclés partent en sous-couches routières et très peu dans la fabrication de nouveaux bétons structurels. Les choses évoluent : un grand programme de R&D collaboratif (Recybéton) a permis d’assouplir les normes et lever certains freins techniques. La norme béton NF EN 206/CN autorise désormais jusqu’à 30% de granulats recyclés dans du béton structurel courant, et la filière ciment-béton développe de nouvelles formulations pour augmenter progressivement cette part (par exemple, une nouvelle norme en 2023 autorise l’incorporation de 35% de fines de béton recyclé dans le ciment).
Au-delà des normes techniques, la filière s’est fixée des objectifs ambitieux : l’UNICEM (industrie des carrières et matériaux) vise 90% de valorisation des déchets inertes d’ici 2025 et plus de 30% des granulats utilisés en construction issus du recyclage. Atteindre ces cibles fera du béton recyclé un pilier de la transition écologique dans le BTP. Pour les centrales à béton, intégrer des granulats recyclés dans leur production devient un avantage compétitif et une réponse aux appels d’offres publics de plus en plus exigeants sur l’empreinte carbone des matériaux. C’est aussi l’opportunité de développer de nouvelles activités (plateformes de concassage, vente de granulats recyclés) en complément de la production de BPE (béton prêt à l’emploi).
Valorisation des déblais : au cœur des démarches REP, ICPE et économie circulaire
La valorisation des déblais de chantier (béton de démolition, terres excavées, matériaux inertes non pollués, etc.) est aujourd’hui au centre des politiques publiques en France. L’entrée en vigueur de la REP Bâtiment (Responsabilité Élargie du Producteur pour les Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment) en 2023 en est l’illustration la plus marquante. Cette nouvelle filière, prévue par la loi AGEC, applique le principe du pollueur-payeur : les fabricants et distributeurs financent la fin de vie des produits afin de développer le recyclage et le réemploi des déchets de chantier et réduire les dépôts sauvages. Concrètement, les éco-organismes REP Bâtiment organisent la reprise gratuite des déchets triés sur les chantiers, la mise en place de points de collecte dédiés et le traitement/valorisation de ces matériaux. D’ici fin 2023, plus de 2000 points d’apport volontaires des déchets du bâtiment ont été déployés sur le territoire pour faciliter ce recyclage. Surtout, la REP introduit des exigences de traçabilité communes à l’ensemble de la filière : du producteur au collecteur en passant par l’exploitant de déchèterie ou de plateforme, chaque acteur doit assurer un suivi rigoureux de ses déchets. Il s’agit de garantir que les déblais collectés suivent bien la boucle de l’économie circulaire (et ne finissent pas en décharge sauvage).
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En parallèle, le cadre réglementaire des ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) impose aux sites industriels du secteur (carrières, centrales à béton, centres de recyclage…) un suivi strict de leurs matières entrantes et sortantes. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2022, tous les exploitants produisant, expédiant, transitant ou traitant des déchets doivent tenir un registre chronologique des flux. Cela inclut désormais les terres excavées et sédiments même lorsqu’ils ne sont pas considérés comme déchets. Autrement dit, une centrale à béton qui récupère des déblais inertes pour les valoriser doit, tout comme une installation de traitement de déchets, enregistrer chaque mouvement de matériau (quantité, origine, destination) dans un registre réglementaire. Mieux, ces registres sont en cours de dématérialisation : depuis 2022, un Registre National Déchets & Terres Excavées (RNDTS) collecte progressivement ces données, et à partir de mai 2025 ce registre sera fusionné avec la plateforme Trackdéchets du ministère de l’Écologie. L’objectif est de digitaliser la traçabilité des déchets sur l’ensemble du cycle, afin de combler les manques de données et de simplifier les obligations administratives des entreprises.
Ces évolutions réglementaires renforcent la pression (mais aussi l’accompagnement) sur les acteurs du BTP pour mieux valoriser les déblais. Les exploitants de centrales à béton, en particulier, doivent s’adapter à cette nouvelle donne : tri plus poussé sur chantier, stockage temporaire des matériaux récupérables, envoi vers des filières agréées, et justification de tout cela auprès des autorités. La transition vers l’économie circulaire se traduit donc par davantage de suivi et de transparence. Cela peut sembler contraignant, mais avec les bons outils, c’est l’occasion d’optimiser ses processus internes… et de gagner en productivité tout en restant conforme.
Automatiser la traçabilité des matériaux avec Dune : DAP, BSD et conformité simplifiés
Face à la multiplication des obligations (gestion des DAP, BSD, suivi REP, registre RNDTS, etc.), les centrales à béton et plateformes de recyclage doivent gérer une bureaucratie croissante. Chaque flux de déchet ou de matière valorisée nécessite son lot de documents réglementaires : le DAP (Déclaration d’Acceptation Préalable) qui formalise qu’un site de traitement accepte de recevoir tel déchet inerte, le BSD (Bordereau de Suivi de Déchet) qui assure la traçabilité jusqu’au traitement final, sans oublier le registre des dépôts et les rapports annuels. Gérer tout cela manuellement, via des formulaires papier ou des tableurs, devient vite intenable : une seule erreur ou un oubli dans la chaîne de validation peut bloquer ou invalider un bordereau, exposant l’exploitant à la non-conformité. Les retours du terrain montrent des cas de documents égarés, de double-saisie source d’erreurs, ou de délais d’attente pour obtenir toutes les signatures nécessaires – autant de frictions qui pèsent sur la productivité et la conformité.
La solution réside dans la digitalisation de la traçabilité. Des outils spécialisés, comme la suite Dune de Synaxe, permettent d’automatiser l’édition, le suivi et l’archivage de tous les documents réglementaires liés aux déblais et déchets. Par exemple, Dune intègre nativement les exigences des DAP, BSD, REP, RNDTS et Trackdéchets, ce qui signifie que tous les bordereaux sont générés automatiquement, signés électroniquement et archivés dans un espace centralisé. Fini les formulaires PDF à remplir manuellement puis à scanner : via un portail en ligne, les différents acteurs (client producteur du déchet, transporteur, exploitant du site récepteur) peuvent renseigner et signer la DAP en temps réel sur une interface commune, accessible par un simple lien sécurisé. Chaque étape – de la soumission à l’acceptation ou au refus par le site – est tracée automatiquement dans le système, avec envoi de notifications aux parties prenantes.
En automatisant ainsi le suivi des flux de matériaux, on réduit drastiquement le risque d’erreur humaine et les retards de traitement. Plus besoin d’échanger des dizaines de mails ou de doubles-saisies – l’information circule de manière fluide et cohérente entre tous les intervenants. Le logiciel consolide aussi les données pour faciliter le reporting : à tout moment, le gestionnaire peut sortir un état des lieux des entrées/sorties de déchets, le volume de déblais valorisés, les éco-contributions à reverser, etc., en quelques clics. La conformité réglementaire s’en trouve grandement simplifiée : la génération automatique des DAP/BSD élimine les erreurs de formulaire, et leur archivage conforme aux standards REP, Trackdéchets, ICPE garantit que l’entreprise peut prouver sa bonne gestion à tout moment. En somme, l’outil agit comme un copilote numérique qui assure que chaque tonne de déchet est correctement tracée du point A au point B, sans effort supplémentaire pour vos équipes.
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Il convient de noter que la digitalisation ne profite pas qu’à l’aspect réglementaire : elle optimise aussi l’opérationnel sur site. La suite Dune, par exemple, est directement reliée au processus de pesée et de contrôle d’accès des camions. Grâce à des bornes en entrée/sortie de site (équipées de lecture de plaques d’immatriculation, d’écran tactile, etc.), de nombreuses actions se font en self-service par les chauffeurs : sélection du chantier et du matériau à déposer ou à charger, édition automatique du bon de pesée, validation par signature sur la borne… L’agent de bascule peut ainsi superviser plusieurs opérations en parallèle au lieu de tout gérer manuellement derrière son guichet. Les barrières s’ouvrent automatiquement, les informations du camion sont pré-remplies, et le système ne laisse passer que les matériaux autorisés en fonction des DAP validées. Ce niveau d’automatisation des flux physiques, combiné à la traçabilité numérique, fluidifie énormément la gestion d’un site de béton ou de recyclage. Les périodes de pointe deviennent plus soutenables, et les temps d’attente des camions diminuent – un gain de productivité autant qu’un gage de sécurité (moins de bouchons sur site, moins de stress).
En résumé, digitaliser la traçabilité et les flux de déblais avec une solution comme Dune permet de rester en conformité sans alourdir la charge de travail, tout en améliorant le service aux clients (producteurs de déchets ou acheteurs de matériaux recyclés). Dune n’est pas un cas isolé : Synaxe propose également SX Delivery pour la dématérialisation des bons de livraison de béton et matériaux. Pour les centrales à béton et plateformes de recyclage, s’équiper de tels outils devient un véritable levier de compétitivité : non seulement elles s’épargnent des tâches administratives chronophages, mais elles renforcent la confiance de leurs partenaires (collectivités, maîtres d’ouvrage…) grâce à une traçabilité exemplaire.
Des résultats concrets sur le terrain : traçabilité optimisée, gain de temps et moins d’erreurs
La digitalisation du suivi des matériaux porte déjà ses fruits chez de nombreux acteurs du secteur. Quelques cas d’usage concrets permettent de mesurer l’impact d’une solution comme Dune sur le quotidien des exploitants de centrales, des agents de bascule et des transporteurs :
- Jusqu’à 20% de temps en plus pour l’agent de bascule : l’automatisation des tâches répétitives libère en moyenne un cinquième du temps de travail d’un opérateur de pesée. Ce gain de productivité (équivalant par exemple à ~30 minutes par jour d’administratif en moins) permet à l’agent de se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée : gestion des anomalies qualité, accueil sécurité, coordination avec les équipes terrain, etc.
- –15% d’erreurs de saisie et 5 000 € de litiges évités : avec des systèmes numériques où les bons de pesée et formulaires sont générés et pré-remplis automatiquement (ex : Dune ou SX Delivery), les erreurs humaines (inversion de produit, confusion de chantier, omission de signature…) sont fortement réduites. Les sites équipés constatent en moyenne 15% d’erreurs de traçabilité en moins, ce qui se traduit par une baisse des réclamations clients et environ 5 000 € d’économie par an sur les litiges évités pour un site type.
- Autonomie accrue : 80% des flux gérés par les chauffeurs eux-mêmes : un exemple emblématique est celui de la carrière d’Étavaux (Allier), où la mise en place de Dune a permis de transférer 80% des pesées et chargements en mode self-service via les bornes interactives. Les chauffeurs réalisent eux-mêmes l’enregistrement de leur passage, ce qui a nettement amélioré la traçabilité (moins d’oubli de saisie) tout en réduisant la charge mentale des agents sur site. Le poste de bascule y est devenu plus serein et davantage focalisé sur la supervision globale que sur la saisie de chaque ticket.
- +35% d’efficacité opérationnelle générale : de façon globale, les sites ayant entamé cette transformation digitale observent une hausse de la productivité. Par exemple, les carrières et centrales équipées de la suite Dune ont vu l’efficacité opérationnelle augmenter d’environ 35% en moyenne grâce à l’optimisation des flux de camions, la réduction des temps d’attente et la centralisation des données. C’est autant de gagné en rentabilité et en fluidité de service.
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Ces résultats parlent d’eux-mêmes. Ils montrent qu’environnement rime avec performance lorsqu’on s’outille correctement. Moins de papiers à gérer, c’est moins d’erreurs et plus de temps pour faire tourner l’installation. Mieux tracer les déblais, c’est pouvoir en recycler davantage et en rendre compte facilement aux autorités comme aux clients. Au final, tout le monde y gagne : exploitants (qui optimisent leurs coûts et évitent les amendes), agents (qui voient leur métier évoluer vers plus de contrôle et moins de tâches ingrates), collectivités (qui atteignent leurs objectifs de valorisation et de propreté des chantiers) et bien sûr la planète (moins de prélèvement de ressources vierges et moins de déchets abandonnés).
Conclusion : construire un avenir durable, un chantier après l’autre
Le béton recyclé n’est plus une lubie écologique ou une simple option parmi d’autres – il s’affirme comme un pilier de la construction de demain. Pour les centrales à béton, les ingénieurs et l’ensemble des acteurs du BTP, s’engager dans cette voie est non seulement une réponse aux impératifs réglementaires, mais aussi une opportunité de modernisation. En valorisant les déblais de chantier et en adoptant des outils de traçabilité automatisée, ils parviennent à conjuguer conformité, productivité et responsabilité environnementale. Des solutions numériques telles que Dune ou SX Delivery, développées par Synaxe, montrent qu’il est possible de simplifier la mise en œuvre de l’économie circulaire sur le terrain, sans complexité technique excessive.
En anticipant les évolutions (nouvelles lois, normes plus ouvertes aux matériaux recyclés, généralisation de Trackdéchets, etc.) et en s’équipant dès aujourd’hui, les professionnels du béton se donnent les moyens de rester maîtres de leur transition écologique. Le chemin vers des chantiers durables est déjà tracé : chaque tonne de béton recyclé utilisée, chaque déchet tracé et réutilisé, est une brique de plus pour construire un avenir plus vert et plus efficient. En somme, investir dans le béton recyclé et la digitalisation, c’est bâtir la centrale à béton de demain – un modèle d’économie circulaire où performance et respect de l’environnement vont de pair.
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