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Les bâtisseurs

Éco-rénovation : comment Acorus transforme la rénovation avec Philippe Benquet

Écrit par
Zineb CLAUDEL
Publié le
23
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04
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Découvrez comment Acorus transforme la rénovation en éco-rénovation : service, lean, réemploi, digitalisation et transition bas carbone.

Dans cet épisode des Bâtisseurs, Richad Mitha reçoit Philippe Benquet, président et fondateur du groupe Acorus. Pendant plus d’une heure, il raconte comment une entreprise de plomberie reprise en 2010 est devenue l’un des leaders français de l’éco-rénovation, avec 1 800 collaborateurs et une ambition claire : améliorer la vie des gens dans leurs immeubles tout en décarbonant durablement le parc bâti.

Chez Synaxe, on rencontre chaque jour des directeurs de carrières, de centrales à béton, de plateformes de recyclage… Tous partagent des enjeux similaires à ceux décrits par Philippe : gérer des flux complexes, améliorer leur performance opérationnelle, attirer et retenir des talents techniques, structurer une croissance durable et s’outiller pour anticiper les nouvelles normes environnementales. L’expérience d’Acorus résonne donc puissamment dans tout l’écosystème de la construction.

Pourquoi la notion de service peut transformer la rénovation

Lorsqu’il reprend une entreprise de plomberie qui pèse déjà 21 millions d’euros de chiffre d’affaires, Philippe Benquet vient d’un autre monde : celui du service. Et c’est précisément cette différence qui va structurer toute la transformation d’Acorus.

Sa conviction est simple : rénover un immeuble, ce n’est pas seulement exécuter un chantier. C’est travailler dans des lieux où vivent des familles, où dorment des hôtes, où se soignent des patients, où s’activent des milliers de salariés.

Autrement dit, c’est un métier où la qualité de service change tout.

En se concentrant sur la relation avec les gardiens, les échanges avec les occupants, la communication autour des interventions, Acorus se distingue rapidement de ses concurrents. La rénovation cesse d’être un moment subi : elle devient un processus maîtrisé, lisible, presque fluide.

C’est là que naît l’ADN du groupe : une entreprise technique, certes, mais avant tout une entreprise de service.

Avoir ses propres équipes : le pari humain au cœur de la stratégie

Dans un secteur habitué à la sous-traitance massive, Acorus prend une autre voie : recruter en interne plutôt que déléguer.

Ce choix repose sur une intuition forte : pour offrir un service maîtrisé, constant, il faut des équipes maison, formées, responsabilisées et fières d’appartenir à une même culture.

Le groupe recrute, chaque semaine, sans attendre d’avoir un besoin immédiat. Une méthode rare dans le bâtiment, mais qui va permettre la création d’une organisation unique : des mini-entreprises autonomes, capables de piloter leur activité, leur relation client et leurs résultats.

Ce modèle a un effet direct sur la qualité opérationnelle. Les techniciens s’engagent davantage, proposent des améliorations, deviennent prescripteurs de solutions. Dans une mini-entreprise, un plombier peut proposer de créer une activité de maçonnerie… et la lancer si la demande client est réelle. Une liberté qui serait impensable dans un fonctionnement pyramidal classique.

Multicorps d’état : élargir les compétences pour simplifier la vie des gestionnaires d’immeuble

Très vite, Acorus observe un phénomène simple : lorsqu’on travaille bien sur un métier, les clients demandent les autres.

Plomberie… puis menuiserie. Puis électricité. Puis chauffage. Puis maçonnerie. Les appels d’offres des bailleurs sociaux combinent souvent plusieurs métiers ; les syndics recherchent une logique de guichet unique ; les hôtels veulent un interlocuteur qui gère tout.

Plutôt que de rester plombier, Acorus élargit son panel d’expertises pour devenir un acteur global de la rénovation. Le groupe n’absorbe pas les compétences techniques : il recrute les bons profils, construit des équipes autonomes, consolide des savoir-faire.

Cette vision multicorps d’État, très structurante, fait écho à ce que vivent les sites industriels qui se digitalisent avec Synaxe : un besoin d’unification, de simplification, de coordination entre plusieurs métiers et prestataires. Qu’il s’agisse d’un flux de camions, d’un chantier ou d’une rénovation, l’enjeu est le même : réduire la complexité pour le client.

Le Lean : la rupture culturelle qui accélère tout

Si la croissance organique d’Acorus est aussi rapide entre 2013 et 2018, c’est parce qu’une autre révolution interne se prépare : l’introduction du Lean construction.

Philippe observe une réalité répandue dans le bâtiment : des conducteurs de travaux débordés, une posture « commande-contrôle », des échanges multiples qui ne créent aucune valeur, des retards structurels, des réserves interminables.

Avec l’aide de Patrick Dupin, spécialiste du Lean appliqué au BTP, Acorus identifie les gaspillages, puis libère la responsabilité aux bons endroits. Une idée simple change tout : donner aux gardiens les numéros directs des techniciens.

Résultat :
– moins d’appels inutiles,
– des échanges plus qualitatifs,
– des techniciens qui conseillent davantage,
– des conducteurs de travaux qui récupèrent du temps pour développer leur activité.

Le Lean n’est pas un outil de contrôle : c’est un révélateur d’énergie. Et, une fois libérée, cette énergie devient croissance.

Dans les carrières, les centrales à béton et les plateformes de recyclage, cette même logique se retrouve dans la digitalisation : moins de tâches qui n’apportent rien, plus de temps pour piloter, qualifier, anticiper et optimiser.

2020 : l’entrée dans une nouvelle phase, plus stratégique, plus ambitieuse

Jusqu’en 2020, la croissance est organique. Mais l’arrivée de nouvelles normes, l’urgence climatique, la pression réglementaire et l’explosion des besoins de rénovation énergétique obligent le secteur à se structurer plus vite.

Acorus entre alors dans une phase d’acquisitions ciblées :
– pour ajouter des métiers essentiels à la rénovation énergétique (isolation, enveloppe, étanchéité),
– pour se renforcer géographiquement,
– pour se diversifier vers la copropriété et le tertiaire.

Ces investissements préparent la grande bascule : Acorus veut devenir un acteur global de l’éco-rénovation, capable d’accompagner un bâtiment de A à Z. Depuis l’audit jusqu’à la maintenance, en passant par les travaux.

Éco-rénovation : une prise de conscience personnelle devenue stratégie d’entreprise

L’expression « éco-rénovation » n’est pas un slogan marketing. Pour Philippe Benquet, c’est une bascule intime qui commence en lisant le rapport du GIEC.

Il comprend que la rénovation a un rôle essentiel dans la transition climatique :
– 30 % des émissions mondiales proviennent du bâtiment ;
– isoler, rénover et maîtriser les consommations peut changer l’équation ;
– l’évitement carbone est plus puissant qu’une simple réduction des émissions.

Très vite, Acorus structure sa démarche :
– formation de tous les collaborateurs aux fresques du climat,
– création de filières de réemploi (CycleUp),
– déploiement d’ateliers de reconditionnement (robinetterie, sanitaires…),
– investissements sur des métiers bas carbone (enveloppe, ITE, ventilation intelligente…).

Dans les carrières, centrales ou plateformes, on retrouve la même dynamique : optimisation des ressources, réduction des consommations, maîtrise des process, conformité réglementaire renforcée. Le lien entre éco-rénovation et gestion des matériaux est très fort : moins de neuf, plus d’efficacité, plus de traçabilité.

Le réemploi comme levier majeur de décarbonation

Le réemploi dans le bâtiment existe depuis longtemps… mais de façon marginale. Acorus veut le massifier.

Le raisonnement est limpide :
40 % des émissions d’un chantier proviennent des matériaux.
Réemployer, reconditionner, revaloriser permet de réduire immédiatement cette part.

Le groupe développe alors des ateliers internes : détartrage industriel, changement de mécanismes, remise à neuf contrôlée. Les clients adoptent vite ces solutions : non seulement elles sont plus vertueuses, mais elles sont fiables, garanties, identifiables.

Un parallèle évident avec le secteur des matériaux : les plateformes de recyclage, les filières REP, les contrôles de traçabilité numériques. Une même logique : revaloriser plutôt que produire à nouveau.

Le Lab : numérique, IA et pilotage intelligent

Acorus se dote aussi d’un Lab, véritable moteur d’innovation qui :
– développe des outils internes (achats, CRM, reporting),
– pilote la transformation digitale des filiales,
– connecte les outils entre eux pour créer une chaîne de valeur continue,
– explore l’IA pour automatiser la saisie, optimiser les chaufferies et anticiper les besoins.

Vers le futur : conseil, enveloppe, pilotage énergétique

Quand on demande à Philippe où sera Acorus dans cinq ans, sa réponse est claire :
– davantage de conception et de conseil,
– davantage d’expertise technique bas carbone,
– davantage de pilotage intelligent post-travaux.

C’est l’un des enseignements les plus forts de l’épisode : la rénovation n’est pas seulement un chantier. C’est une trajectoire. Pour réduire durablement les consommations, il faut :
concevoir, rénover, puis piloter.

Un modèle qui résonne dans tous les métiers de la construction, y compris ceux que Synaxe accompagne : on optimise en amont, pendant et après.

Un épisode inspirant pour tous les acteurs du BTP et de la construction

L’histoire d’Acorus montre comment une entreprise peut :
– remettre l’humain au centre,
– valoriser ses équipes,
– adopter le Lean,
– digitaliser intelligemment,
– structurer des métiers techniques,
– et devenir un acteur clé de l’éco-rénovation.

Pour tous les professionnels des carrières, des centrales à béton, de l’extraction, de l’avitaillement ou du recyclage, cette vision est précieuse : elle montre qu’un secteur technique peut évoluer vite, durablement, sans perdre son âme.

🎧 Écouter l’épisode complet des Bâtisseurs avec Philippe Benquet: Les Bâtisseurs | #16 [REPOST] Philippe Benquet - Président et fondateur d'Acorus : Éco-Rénovation & Success Story ! | Ausha