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Les bâtisseurs

Électrification des engins de carrière : la vision de Florent Liffran demain

Écrit par
Zineb CLAUDEL
Publié le
22
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Découvrez comment Florent Liffran accélère l’électrification des engins de carrière grâce à des solutions haute puissance qui réduisent diesel, CO₂ et coûts d’exploitation.

L’innovation dans les mines et les carrières ne vient pas toujours des acteurs historiques du secteur. Parfois, elle surgit d’univers que tout oppose aux environnements poussiéreux des sites d’extraction. C’est le cas de Florent Liffran, président de BrightLoop Converters, passé par l’électronique de puissance, la F1 et les projets les plus avancés en matière de véhicules haute performance. Quand il raconte comment ces compétences se retrouvent aujourd’hui au cœur de l’électrification des engins de carrière, un constat se dessine : la transition énergétique des tombereaux, foreuses et dumpers n’est plus un futur lointain, c’est une transformation déjà en cours.

Ce qui frappe dans son approche, c’est la manière dont il relie des problématiques très techniques – rendement, tension, puissance, conversion – à des enjeux très concrets : réduire le diesel, diminuer les émissions, optimiser les cycles, assurer une continuité d’exploitation. Une vision pragmatique qui éclaire les mutations profondes du secteur.

Du sport automobile à l’électronique de puissance pour l’industrie lourde

Florent Liffran n’a pas choisi l’électronique de puissance par hasard. C’est une spécialité qu’il découvre à une époque où elle attire peu. Mais il y voit immédiatement un potentiel immense. Après plusieurs expériences dans des environnements industriels exigeants, il fonde BrightLoop Converters pour développer des systèmes de conversion d’énergie capables de répondre à des besoins que personne ne couvrait encore.

Le tournant arrive avec la Formule 1. L’introduction des motorisations hybrides impose des contraintes inédites : batteries haute tension, fiabilité extrême, puissance instantanée. BrightLoop s’impose rapidement comme un acteur capable de concevoir des systèmes robustes et très performants. Cette expertise ouvre ensuite les portes d’autres marchés comme l’aéronautique, le militaire ou les véhicules de très haute performance.

Ce bagage technique devient la base d’un mouvement plus vaste : accélérer l’électrification des engins de carrière.

Le déclic : l’électrification comme réponse aux enjeux de consommation et de CO₂

Dans un tombereau minier, un réservoir de 4 000 litres de diesel se vide en moins de 24 heures. À l’échelle d’un géant minier, cela représente jusqu’à un milliard de litres de diesel brûlés chaque année. Ce chiffre suffit à comprendre pourquoi l’électrification des engins de carrière devient un enjeu vital.

Les batteries ont atteint un niveau de performance et de maturité qui rend possible l’hybridation ou l’électrification partielle. Mais les carrières et les mines sont des environnements isolés, autonomes, où l’énergie doit être produite sur place, stockée, convertie et utilisée avec une précision extrême.

C’est là que les convertisseurs haute tension de BrightLoop prennent toute leur importance : ils permettent de connecter des batteries de 800 volts à des moteurs fonctionnant entre 1 500 et 2 000 volts, ce qui rend techniquement possible l’électrification d’engins qui n’ont jamais été conçus pour cela.

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Hybrider pour réduire immédiatement le diesel

Passer du tout diesel au tout électrique est une transition trop brutale. L’hybridation devient alors la première étape naturelle.
Ajouter 300 à 500 kWh de batteries à un engin existant permet plusieurs avancées :

1 récupérer l’énergie lors des descentes
2 éviter le ralenti moteur
3 optimiser les plages de rendement
4 réduire l’usure des systèmes de freinage
5 améliorer le confort et la sécurité des chauffeurs

Les gains atteignent entre 10 et 20 % de diesel en moins. Sur un tombereau qui brûle 4 000 litres par jour, l’impact économique et environnemental est considérable.

Rétrofit haute puissance : électrifier les engins déjà en service

Électrifier totalement un engin de carrière n’est pas une simple opération de remplacement du moteur. Les puissances dépassent les 2 MW, les tensions sont hors normes, les cycles d’utilisation extrêmes.

Le rétrofit consiste à :

– garder les moteurs électriques existants
– remplacer le moteur diesel par un pack batteries
– installer des convertisseurs capables d’adapter la tension aux moteurs

BrightLoop conçoit des convertisseurs universels, capables de fonctionner sur plusieurs types d’engins et d’être reconfigurés par logiciel selon les tensions nécessaires. Cette modularité est essentielle pour accélérer la transition.

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Charger un mégawatt-heure : la question clé de l’exploitation

Un tombereau entièrement électrifié embarque environ 1 MWh de batteries. La question n’est plus “peut-on électrifier ?”, mais “comment recharge-t-on une telle énergie ?”.

Trois modèles émergent :

1 stations de charge de très forte puissance (1 à 3 MW)
2 production locale (solaire, hydrogène vert, mix hybride)
3 batteries embarquées capables de se recharger partout grâce aux convertisseurs réversibles

Cette troisième voie bouleverse les modèles traditionnels : une batterie peut devenir un actif mobile capable de recharger un autre engin, stabiliser un réseau ou servir de groupe électrogène silencieux.

Hydrogène ou batterie : quelle trajectoire réaliste ?

L’hydrogène est séduisant sur le papier, mais encore très limité en réalité :

– production insuffisante
– distribution complexe
– pistolets de remplissage non standardisés
– coûts très élevés
– contraintes de sécurité

Les batteries, elles, sont disponibles immédiatement et fonctionnent déjà en hybridation ou en tout électrique dans plusieurs démonstrateurs. L’électrification progressive est aujourd’hui la trajectoire la plus réaliste et la plus rentable.

Une décennie décisive : la fenêtre d’opportunité 2025–2035

Dans les phases de rupture technologique, les cartes sont redistribuées. La vitesse d’exécution devient plus importante que la taille des acteurs. BrightLoop, qui a pris place dès les premières expérimentations, se prépare désormais à l’industrialisation : la mise en série de ses technologies est attendue dès l’année prochaine.

D’ici 2030, l’électrification des engins de carrière ne sera plus une expérimentation isolée, mais une exigence économique, énergétique et réglementaire.

🎧 Pour aller plus loinÉcoutez l’épisode complet avec Florent Liffran : Les Bâtisseurs | #24-Florent Liffran - BrightLoop Converters : L'électronique de puissance, l'énergie du futur au service de nos industries | Ausha