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Les bâtisseurs

Drones dirigeables : quand la légèreté devient un levier pour l’industrie avec HyLight

Écrit par
Zineb CLAUDEL
Publié le
01
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07
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HyLight remplace les hélicoptères par un drone dirigeable pour inspecter les réseaux, réduire les coûts et éliminer les émissions de CO₂.

La transition énergétique impose une chose : repenser nos outils, nos gestes, nos évidences. Et parfois, cette transformation prend une forme inattendue. Comme celle d’un dirigeable.

À l’occasion du Launch Day de Léonard (Vinci), nous avons rencontré Martin Bocken, cofondateur de HyLight, une start-up qui entend bien décarboner l’inspection aérienne. Leur arme secrète : un drone flottant, le Hylighter, capable de remplacer les hélicoptères dans la surveillance des lignes électriques ou des réseaux de gaz. Une idée folle ? Pas vraiment. Plutôt une trajectoire logique, née sur les bancs d’une école d’ingénieurs, poussée par un enjeu technique majeur : l’autonomie des drones.

Réduire les émissions en changeant de paradigme

Aujourd’hui encore, en Europe, l’inspection des infrastructures critiques repose massivement sur des vols en hélicoptère. Lignes électriques, gazoducs, réseaux enterrés sont survolés à intervalles réguliers pour détecter défauts ou fuites. Mais cette méthode a un coût : économique, opérationnel… et climatique. Un hélicoptère, c’est en moyenne 8 tonnes de CO₂ émises par heure de vol. Et pourtant, ce modèle reste dominant. Pourquoi ? Parce que les drones classiques, eux, ne tiennent que 30 minutes en l’air.

C’est là que HyLight change la donne. En allongeant radicalement la durée de vol grâce à une solution hybride entre le drone et le dirigeable. Leur prototype vole pendant 10 heures, à basse altitude, à vitesse lente, en silence. Ce n’est pas seulement une prouesse d’ingénierie : c’est un levier économique et écologique.

“On vole à 30 mètres du sol, on peut s’arrêter au-dessus d’un point sensible, prendre le temps d’analyser, puis repartir. On capte des données ultra précises, sans consommer d’énergie supplémentaire.” — Martin Bocken

Une genèse sur les bancs de l’UTT

L’histoire commence à l’Université de Technologie de Troyes, lorsque Martin et ses camarades cherchent à résoudre le problème de l’autonomie. Ils explorent la piste de l’hydrogène, d’abord comme source d’énergie… avant de réaliser qu’il pouvait aussi servir à faire flotter l’appareil.

Petit à petit, le drone devient dirigeable. Et la limite des 30 minutes se transforme en une journée entière d’inspection. Un x20 d’autonomie, qui ouvre des perspectives jusqu’alors impossibles : vols longue durée, collecte massive de données, automatisation future des trajectoires.

De l’expérimentation au terrain

Depuis deux ans et demi, HyLight est passé du prototype aux premiers déploiements terrain. En 2024, l’équipe a mené plusieurs POC (proofs of concept) avec des grands acteurs de l’énergie :

  • Enedis, pour l’inspection des lignes électriques
  • GRT Gaz et Terria, pour la surveillance de réseaux de gaz

En France, 40 000 km de lignes de transmission de gaz sont surveillés par avion ou hélicoptère toutes les deux semaines. Et pourtant, les fuites de méthane représentent à elles seules 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Un chiffre équivalent à celui de l’aérien. Chaque réduction compte.

HyLight n’a pas encore détecté de fuite réelle, mais a réussi à repérer des fuites simulées lors de tests terrain. Et surtout, à le faire sans émission de CO₂, avec un coût inférieur à celui d’un vol habité.

Automatiser la chaîne, un enjeu de scalabilité

Pour l’instant, les vols sont encore supervisés par un pilote de drone et un opérateur de données. Mais l’objectif est clair : à terme, tout sera automatisé. Préparation des vols, déclenchement de la collecte, traitement des images — jusqu’au diagnostic. Une chaîne de valeur autonome, qui réduira encore les coûts, tout en accélérant les prises de décision des opérateurs.

C’est dans cette vision que l’intelligence artificielle entre en jeu. Pas comme un gadget, mais comme une brique invisible qui permettra de passer à l’échelle. Pour que demain, les Hylighters survolent nos réseaux, nos villes, nos campagnes, en continu.

Entre dirigeable et data : un changement d’altitude

HyLight, ce n’est pas juste une histoire de drones. C’est une réponse concrète à trois enjeux industriels clés :

  • L’empreinte carbone des opérations aériennes
  • La qualité et la précision de la donnée
  • L’autonomie technologique dans la gestion des infrastructures critiques

“On est convaincus qu’il faut une donnée plus précise de nos écosystèmes. Les satellites ont permis beaucoup de choses, mais ils atteignent leurs limites. Il faut une couche supplémentaire, plus fine, plus locale. C’est ce qu’on fait avec l’Highlighter.” — Martin Bocken

En quelques années, HyLight est devenu bien plus qu’un projet d’ingénieurs. C’est désormais une start-up industrielle en pleine accélération, soutenue par des grands groupes, engagée sur un marché mondial.

Et peut-être qu’un jour, sans même lever les yeux, vous passerez sous l’un de ces ballons silencieux qui, depuis le ciel, rendent nos infrastructures plus sûres… et notre avenir plus léger.

Ecoutez l'intégralité du podcast ici : Les Bâtisseurs | undefined | Ausha